Les spécificités de l’audit en cas de hausse du cours des matières premières

Photo Mikol Alain
Professeur émérite à ESCP Business School

L’activité de transformation et de conservation de la viande constitue le premier sous-secteur de l’industrie agroalimentaire en France. Avec une production annuelle de 33 milliards d’euros par an, elle représente plus de 20 % de l’activité agroalimentaire, qui est elle-même le premier secteur industriel au plan national.

Malgré cela, les difficultés rencontrées ces dernières années sont nombreuses. Les profonds bouleversements observés dans les modes de consommation alimentaire fragilisent le secteur. À l’origine, de nombreux scandales, l’industrie de la viande est considérée comme responsable de nombreux maux : impact sanitaire, dérèglement climatique, ou encore maltraitance animale. Dans le même temps, la dépendance de ces industriels envers les acteurs de la distribution s’est accrue, les obligeant à rogner sur leurs marges dans un contexte de guerre des prix. 

Au cœur d’une période délicate pour le secteur, l’année 2019 a été marquée par un évènement majeur : la peste porcine africaine. Cette maladie infectieuse a causé une pénurie de porcs au niveau mondial, entraînant la plus forte hausse des cours jamais enregistrée pour cette matière première. L’absence d’instruments de couverture disponibles et les difficultés pour faire accepter les évolutions tarifaires aux distributeurs ont entraîné des pertes d’exploitation importantes chez les transformateurs. 

Cette situation a fait peser des risques d’erreurs sur les états financiers et, plus particulièrement, sur l’évaluation des principaux postes d’actifs des bilans de ce secteur (immobilisations corporelles, stocks, créances clients), et sur le chiffre d’affaires. Les entités ont recouru à des estimations comptables très significatives qui ont augmenté considérablement le risque d’anomalie significative, conduisant le commissaire aux comptes à mettre en place des procédures d’audit spécifiques. 

La dégradation des résultats financiers associée à cette hausse des cours pouvait en outre engendrer un accroissement du risque de fraude par manipulation des états financiers. De même, elle était susceptible de modifier l’appréciation de la continuité d’exploitation. 

Objectifs du mémoire

Intégrer dans la démarche d’audit les diligences spécifiques prenant en compte une très forte volatilité des matières premières. 

Intérêt du mémoire

Ce mémoire se focalise sur la réponse donnée par l’auditeur à des risques spécifiques à l’entité auditée, en l’occurrence ceux liés à l’évolution des cours de matières premières.  Illustrés par le cas de la transformation de produits de charcuterie dans un contexte de forte variation des cours des matières premières, des élargissements sont proposés afin de rendre la démarche présentée dans le mémoire applicable dans des secteurs autres que celui de l’industrie agroalimentaire.

Plan

Les trois parties de ce mémoire suivent l’ordre chronologique de déroulement d’une mission d’audit.

Première partie. Spécificités du secteur de la fabrication de charcuterie dans le contexte de la peste porcine africaine, et enjeux pour le commissaire aux comptes. 

Chapitre 1 – Le secteur de la fabrication de charcuterie, une industrie fragilisée par un changement des habitudes de consommation. 

Chapitre 2 – La peste porcine africaine (PPA), un danger majeur pour la filière. 

Chapitre 3 – Les enjeux de la mission du commissaire aux comptes dans ce contexte. 

Deuxième partie. Analyse des impacts directs de la crise de la peste porcine africaine sur la démarche d’audit des états financiers : de l’identification et l’analyse des principales zones de risques à la proposition de tests substantifs spécifiques. 

Chapitre 1 – L’appréciation des principaux risques inhérents à la suite de la prise de connaissance. 

Chapitre 2 – L’analyse du contrôle interne et la définition du risque d’anomalies significatives : travaux permettant d’aboutir à une cartographie des risques répertoriés.

Chapitre 3 – La proposition d’un programme de travail adapté aux risques identifiés.

Troisième partie. La prise en compte du risque de fraude et l’appréciation de la continuité d’exploitation : des indispensables à l’émission de l’opinion dans un contexte conjoncturel défavorable. 

Chapitre 1 – La couverture du risque de fraude : une étape clé de la mission. 

Chapitre 2 – Une réponse aux diligences de la NEP 570 sur la continuité d’exploitation. 

Chapitre 3 – La finalisation de la mission du commissaire aux comptes et le fondement de l’opinion : application au cas de la peste porcine africaine. 

Remarques à l’usage des futurs mémorialistes

« Le bon sujet fait la bonne note », est-il écrit à plusieurs reprises dans les supports des journées obligatoires du stage. La démarche d’audit dans un univers qui présente des risques d’anomalies significatives spécifiques, et les réponses aux risques adaptées à ceux-ci, correspond à un bon sujet de mémoire de DEC, (étant entendu qu’une démarche d’audit n’est qu’un exemple de bon sujet parmi des centaines d’autres).  C’est pour l’avoir parfaitement compris que, outre les autres qualités de son mémoire, le candidat a obtenu l’excellente note de 16/20 1.

Auteur

Maxime Adam : « Prise en compte de l’impact de l’évolution des cours des matières premières chez les industriels de la transformation de produits de charcuterie sur la démarche du commissaire aux comptes : cas de la peste porcine africaine », session de mai 2021, 119 p. + 90 p. d’annexes. 

1.  Les examinateurs donnent une note unique après avoir évalué le mémoire et sa soutenance.

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