Data : quelles nouvelles missions pour la profession ?
- septembre 2024
- Numéro : 589
- Thématique(s) : missions de l'expert-comptable
La transformation numérique redéfinit le paysage pour les cabinets d’expertise comptable, les incitant à évoluer au-delà des services traditionnels. L’intégration de l’analyse de données permet de proposer des services enrichis, transformant les experts-comptables en conseillers stratégiques clés pour les entreprises. Les « nouvelles missions » qui en découlent étendent l’offre de services et renforcent leur rôle essentiel dans le concours à l’orientation stratégique des entreprises. L’enjeu majeur réside dans la vente de ces missions, nécessitant une communication efficace de leur valeur ajoutée pour établir les experts-comptables comme des partenaires incontournables. Cette évolution représente une opportunité de diversifier les services et de consolider leur position de conseillers privilégiés dans un environnement en mutation.
Le métier d’expert-comptable, réglementé et essentiel aux entreprises, s’est diversifié au fil du temps. Traditionnellement, l’expert-comptable joue un rôle crucial dans la gestion des comptes, le droit du travail, l’audit et la consultation juridique, agissant comme le conseiller du dirigeant à tous les stades de l’entreprise.
La notion de nouvelles missions
La loi Pacte, adoptée en 2019, a élargi les missions de l’expert-comptable, renforçant son rôle de conseil, introduisant la notion de mandat implicite ainsi que des missions financières liées au recouvrement et au paiement, la diversification des missions de l’expert-comptable ou encore des honoraires au succès. Cependant, ces missions ne doivent pas devenir l’activité principale du cabinet, dont le cœur de métier doit rester l’expertise comptable, conformément à l’article 2 de l’ordonnance de 1945.
Le champ des nouvelles missions est plus vaste, porté notamment par l’évolution des risques (environnement, cybersécurité) et surtout par la possibilité de collecter et d’analyser toujours plus de données. Les nouvelles missions sont ainsi souvent des versions « augmentées » des missions dites traditionnelles, se basant sur les compétences reconnues de la profession et particulièrement sur la confiance acquise auprès des 4 millions d’entreprises françaises. Une nouvelle mission dépasse le cadre traditionnel et implique une facturation au client.
La vente, incluant tous les concepts du commerce et du marketing, revêt donc une importance cruciale dans l’intégration de nouvelles missions.
Le panorama des nouvelles missions créées par la data
L’avènement de l’ère numérique a transformé le paysage des missions comptables, inaugurant une ère de nouvelles opportunités guidées par la richesse des données. Ces nouvelles missions peuvent se regrouper ainsi :
• les missions financières ;
• les missions de valorisation ;
• les missions d’accompagnement et de conseil ;
• les missions orientées vers le dirigeant.
Chacune porte en elle un potentiel d’innovation remarquable. La data, omniprésente dans l’univers entrepreneurial, devient le pivot autour duquel ces missions se déploient, enrichissant leur qualité, leur efficacité et leur rentabilité. Les missions n’étant pas directement issues de l’exploitation des données peuvent bénéficier d’une approche marketing data-driven, en affinant les analyses, en personnalisant les recommandations et en optimisant les processus décisionnels.
De quelle data parle-t-on ?
Toutes les données accessibles au cabinet ont un potentiel pour augmenter ou créer de nouvelles missions. Le « data référentiel », issu des travaux de la commission data du CNOEC, recense une vaste gamme de données allant des informations comptables et bancaires aux données fiscales, sociales et juridiques. Les données issues de la facture électronique sont aussi de nature à faire évoluer le spectre des possibles.
Les travaux mettent aussi l’accent sur les données externes au cabinet, incluant l’open data (données publiques), et le site www.imagepme.fr financé par le CNOEC et les CROEC. Le projet en cours de « data lake » de la profession permettra encore d’alimenter les cabinets en données valorisables.
L’exploitation des données doit toujours se faire dans le respect absolu du secret professionnel et des réglementations en vigueur.
Nouvelles missions et applications
Dans cette section, nous plongeons au cœur des nouvelles missions découlant directement de l’exploitation stratégique des données. Ces exemples concrets, bien que ne couvrant pas l’ensemble du spectre des possibilités, illustrent la manière dont les données transforment et enrichissent le rôle des experts-comptables.
Missions financières
Les missions financières se révèlent comme les plus naturelles. Souvent déjà réalisées, mais pas toujours distinguées en tant que missions à part entière et donc non facturées, elles offrent aujourd’hui un potentiel de valorisation important.
Remise des comptes augmentée. La remise des comptes augmentée est sans doute la mission la plus naturelle à vendre, dans le sens où elle est le prolongement de la présentation du bilan. Il s’agit ni plus ni moins que d’utiliser les principes de la « datavisualisation » pour faire parler les chiffres et les rendre compréhensibles pour les clients dirigeants. La tâche est toutefois plus ardue qu’il n’y paraît : certains utilisent des logiciels type Power BI ou Tableau, d’autres préféreront des solutions clés en main spécialisées pour les besoins de la profession. Le livrable peut être un support PDF, ou un tableau de bord dynamique où le client peut cliquer pour naviguer lui-même dans « ses » chiffres. Dans tous les cas, il s’agira de valoriser le service, que ce soit sous forme d’option payante ou au temps passé, pour en faire une mission à part entière.
Comparaisons sectorielles. Le tableau de bord de la mission de remise des comptes augmentée peut être amélioré en comparant certains indicateurs du client avec ceux de son marché. Cela peut se faire facilement, en intégrant les données sectorielles issues du site www.imagepme.fr, propriété de l’Ordre et gratuit pour les experts-comptables et les collaborateurs avec délégation Comptexpert. D’autres sources sont disponibles : celles basées sur l’open data (données Insee, base Diane…) ou même des initiatives de la profession : le data lake annoncé par la récente structure « Impulse data », ou encore la base de données mutualisée de FEC portée par ECMA (jedataviz.com).
Suivi de l’activité (tableaux de bord). Lorsqu’une entreprise atteint un certain seuil de chiffre d’affaires ou entame une phase de développement soutenu, elle se trouve à un carrefour stratégique où la nécessité d’une vision business globale devient impérative. La comptabilité, bien que cruciale pour répondre aux exigences légales, n’offre qu’une perspective partielle de la santé et des performances de l’entreprise. En enrichissant la donnée comptable fiable avec des informations terrain, opérationnelles et de gestion, un tableau de bord personnalisé est élaboré, répondant à la question cruciale : « comment et où la richesse est-elle générée au sein de l’entreprise ? » Cet outil devient alors indispensable pour la gestion quotidienne, aidant les dirigeants à identifier les leviers de performance, à maximiser les synergies entre les diverses entités de l’entreprise et à prendre des décisions informées. Par exemple, dans le cas d’une entreprise multimarque, l’implémentation d’un tableau de bord adapté permet de suivre la performance financière de chaque marque, révélant ainsi une vision claire de la rentabilité et des opportunités de développement. Cette mission illustre la mutation de la profession comptable vers un rôle de conseiller stratégique, centré sur la création de valeur pour le client.
Gestion de la trésorerie. Cette mission peut s’appuyer sur la précédente, dans le sens où un tableau de bord pourra constituer le livrable. L’enjeu sera bien sûr lié à la possibilité de collecter des données fraîches et fiables. Aujourd’hui, les données bancaires, dont la collecte est largement automatisée, sont sans doute les plus à même de répondre à cet objectif, même si elles ne sont pas suffisantes puisque l’anticipation, à partir de données d’achats et de ventes, reste nécessaire. L’avènement prochain de la facturation électronique ouvre l’espoir de faciliter et de fiabiliser ce type de mission, tout comme les avancées en matière d’intelligence artificielle qui permettent d’incorporer dans les outils logiciels des modèles prédictifs avancés.
Réalisation d’un budget prévisionnel. La réalisation d’un budget prévisionnel, état comptable qui permet de prévoir les recettes et les dépenses d’une entreprise sur un exercice comptable, peut être associée à une mission d’accompagnement d’un créateur d’entreprise (voir ci-après). Ce peut aussi être une mission en tant que telle, proposée à tous les clients dans une phase de développement, en mensualisant l’exercice, par exemple, et en confrontant les prédictions avec la réalité. Les scénarios de budgets prévisionnels peuvent être établis en se basant sur des données passées de l’entreprise ainsi que sur des données du marché, qui viendront conforter ou au contraire invalider les hypothèses du dirigeant : les données sur la population de passage et les entreprises environnantes pourront aider à prévoir un nombre de couverts pour un restaurant.
Missions de valorisation
Évaluation d’entreprise et valorisation de titres. Selon Bpifrance, « L’expert-comptable est un expert de l’évaluation d’entreprises dans les contextes à dominante juridique ou fiscale (parité de fusion, optimisation du montage juridique et fiscal en partenariat avec un avocat spécialiste, etc.). » Différentes méthodes de valorisation existent, mais toutes reposent sur des informations obtenues par une première phase de collecte de données : sur l’entreprise en elle-même et sur son secteur, son marché. À noter que l’expert-comptable peut tout à fait être à l’initiative d’une mission d’évaluation, afin d’orienter son client au mieux dans ses décisions stratégiques ou bien encore afin de l’alerter s’il estime que la valeur de l’entreprise peut diminuer d’une année à l’autre.
Valorisation de fonds de commerce. Qu’il s’agisse d’un achat ou d’une reprise, d’une réévaluation, d’un nantissement ou encore dans le cadre d’une liquidation, les raisons pour déterminer la valorisation d’un fonds de commerce sont multiples. Entre 2020 et 2021, les ventes ont progressé de 7,6 % avec un prix médian qui a aussi augmenté de 4,6 %. Parce qu’il a accès à de nombreuses informations, l’expert-comptable est bien placé pour accompagner ses clients dans la valorisation de leur fonds de commerce. Il pourra, pour analyser les prix de vente du marché, s’appuyer sur l’open data, car les prix de vente des fonds de commerce sont publiés au Bodacc (Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales) et accessibles à tous.
Valorisation immobilière. La valorisation d’un bien immobilier par les experts-comptables peut être proposée dans plusieurs situations. Premièrement, dans le cadre de la déclaration de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), la valorisation aide à assurer la cohérence de la valeur vénale déclarée et permet d’effectuer ou de valider des décotes. Deuxièmement, elle joue un rôle crucial dans les contentieux fiscaux, où l’objectif est de contester des rehaussements fiscaux en s’appuyant sur une démarche rigoureuse et des références documentées. Troisièmement, la valorisation influence le traitement comptable en établissant les éléments du bilan et du compte de résultat pour les sociétés détenant des actifs immobiliers, tout en segmentant la valeur entre le foncier et le bâti. Enfin, elle est essentielle pour la valorisation d’actifs, permettant aux experts-comptables d’estimer et de documenter la valeur vénale des actifs immobiliers détenus par leurs clients, qu’ils soient personnes physiques ou morales, comme dans le cas d’une société civile immobilière (SCI).
Pour accomplir cette mission, les experts-comptables peuvent s’appuyer sur plusieurs méthodes d’évaluation qui, toutes, nécessitent des données en entrée. L’évaluation par comparaison, la plus recommandée, peut se baser sur l’open data avec la base de données « Demande des valeurs foncières », qui constitue une ressource précieuse grâce à son exhaustivité et à son objectivité, offrant un aperçu complet des transactions immobilières enregistrées.
Missions d’accompagnement et de conseil
Plus les outils numériques s’améliorent, plus l’expert-comptable et les collaborateurs peuvent se dégager du temps pour accompagner et conseiller les clients. Cet accompagnement se doit d’être valorisé en le « cadrant » par une lettre de mission. Voici les missions de conseil les plus couramment évoquées.
DAF/RAF externalisé (full service). La facturation électronique ouvre une nouvelle ère pour le full service. Grâce à la réorganisation du cabinet, au temps gagné et aux informations qui seront de plus en plus facilement accessibles avec la facture électronique, le cabinet pourra allier expertise comptable et DAF externalisée pour offrir aux dirigeants une expérience complète en matière de pilotage d’entreprise. La mission de directeur/responsable administratif externalisé pourra inclure des tâches récurrentes (gestion de la trésorerie, pilotage de la performance, reporting) et/ou ponctuelles, qu’il conviendra de valoriser distinctement (recrutement, due diligences…).
PME, TPE, start-up, sont souvent des entreprises qui n’ont ni les moyens d’embaucher un DAF, ni de quoi l’occuper à plein temps : il y a là un marché à prendre.
Modernisation du SI du client. Selon l’Observatoire du CNOEC, 71 % des entreprises considèrent que les experts-comptables sont des professionnels modernes et à jour dans les nouvelles technologies. Les dirigeants constatent la maîtrise des outils digitaux par les cabinets, il est donc normal qu’ils aient confiance en leur expert pour les aider dans la numérisation de leur propre entreprise, au-delà de la seule digitalisation de la fonction comptable. La mission peut consister en la mise en place de procédures internes, le choix et la mise en place de nouveaux outils innovants, l’automatisation et la fluidification des process et l’accompagnement au changement.
Production d’études de marché. Si l’étude du marché du client ou d’un prospect est indispensable pour beaucoup de missions d’accompagnement (réalisation d’un business plan, rachat…), la réalisation d’un tel document peut constituer une mission en tant que telle, valorisable et facturable. L’étude de marché contiendra notamment le volume de la demande, l’intensité de l’offre (degré de concurrence), la présence éventuelle de niches pour un bon positionnement, une analyse de l’environnement macro et juridique.
La richesse de l’open data (données publiques) en France est un vrai atout pour la réalisation de ce type de mission.
Missions RSE. D’après Lefebvre Dalloz, le marché français du conseil en RSE a augmenté de plus de 24 % par an entre 2018 et 2022 pour s’établir à près de 360 millions d’euros. Par leur profil en matière de formation et d’éthique, les experts-comptables ont leur rôle à jouer.
En tenant compte de cette réalité, certains cabinets ont créé des départements spécialisés en recrutant des experts dans ces domaines. Ils ont ainsi pris une longueur d’avance dans le processus inévitable de transition des acteurs économiques vers la responsabilité sociale et environnementale. Cette transformation est perçue à la fois comme une évolution réglementaire inéluctable (normes ISO, CSRD, loi Pacte, législations sur la diversité et l’inclusion dans les entreprises, etc.) et comme un nouveau levier pour améliorer la performance globale.
Les cabinets commencent à se positionner sur des missions très concrètes telles que la déclaration de performance extra-financière (DPEF) pour les entreprises concernées, remplacée par le rapport de durabilité conformément à la directive CSRD. Pour les entreprises de plus petite taille, certains cabinets ont aussi déjà commencé à proposer des Bilans carbone®. Ces missions de reporting extra-financier nécessitent de collecter plus de données chez le client.
Il est important de mentionner que le fait de proposer des missions RSE contribue à l’attractivité du cabinet et de la profession en ciblant des talents sensibles à ces sujets.
Accompagnement du créateur (business plan, etc.). Le marché des créations d’entreprises en France connaît un fort dynamisme avec, depuis 2021, plus d’un million de créations par an. Un fait marquant est l’augmentation du nombre de micro-entrepreneurs. Le marché des reprises d’entreprises est souterrain et beaucoup plus confidentiel. Bpifrance estime que chaque année plus de 185 000 entreprises sont susceptibles d’être transmises en France, et plus de 50 000 le sont réellement. Tout au long du processus de création/reprise, l’expert-comptable joue un rôle clé d’accompagnement.
Dans la phase de réflexion, l’accompagnement consiste à aider le porteur de projet à ouvrir sa réflexion et à se poser les bonnes questions quant au lancement de son activité. Le but est de lui fournir des informations lui permettant d’appréhender globalement la faisabilité du projet.
Dans la phase de validation, le rôle de l’expert-comptable est d’effectuer une analyse plus poussée permettant au client d’acter la faisabilité de son projet.
Dans la phase de mise en œuvre, son rôle peut se prolonger notamment jusqu’à l’accompagnement d’une demande de financement.
Accompagnement d’une demande de financement. La mission d’accompagnement au financement est conçue pour guider les entreprises à travers le processus complexe de sécurisation des fonds nécessaires à leur développement et à leur croissance. L’objectif est de préparer l’entreprise de manière optimale pour qu’elle puisse présenter un dossier de demande de financement convaincant, incluant, le cas échéant, des informations financières prévisionnelles détaillées. Cette mission peut également s’étendre à la participation aux négociations avec les potentiels financeurs et, dans le cas d’une levée de fonds, à l’élaboration et à la diffusion d’un dossier de présentation pour attirer des investisseurs, ainsi qu’à l’assistance dans la mise en place des aspects comptables et financiers des accords conclus. Le Conseil de l’ordre propose déjà un kit mission sur le sujet, incluant l’utilisation du dispositif crédit 200 000 €. Là encore, ce type de mission sera d’autant plus rentable que les données, sur l’entreprise et son marché, seront collectées et analysées avec les bons outils.
Data prévention. La mission de data prévention se concentre sur l’exploitation stratégique des données, principalement celles issues de la comptabilité, pour accompagner les entreprises en difficulté. Cette approche repose sur l’intégration de ces données dans un tableau de bord dynamique, conçu pour simplifier et accélérer l’analyse de la situation financière de l’entreprise. Une mise à jour mensuelle rigoureuse des données comptables est essentielle pour détecter à temps les signes avant-coureurs de difficultés, permettant ainsi d’anticiper les problèmes et de mettre en œuvre des mesures préventives pour éviter l’état de cessation des paiements.
La prévention est d’autant plus efficace que les interventions sont précoces : intervenir rapidement dans le cas d’une entreprise en cessation de paiements récente est plus simple, les dettes n’étant pas encore accumulées, ce qui préserve la confiance des partenaires et augmente les chances de succès d’un plan de redressement. La mission inclut également la mise en place d’outils de suivi, tels que des prévisions financières et des tableaux de bord, qui aident les dirigeants à appréhender les enjeux de leur situation avec une nouvelle perspective.
Au-delà des données financières, cette mission prend en compte ce qui pourrait être qualifié de données psychologiques, c’est-à-dire la capacité à reconnaître les signaux d’alerte tels que les premiers impayés ou la baisse d’activité, et à agir en conséquence. Souvent, les entreprises en difficulté sont dans le déni concernant leur situation ; reconnaître et traiter ces aspects psychologiques est donc crucial pour ouvrir le champ des possibles et permettre un retournement efficace de l’entreprise.
Missions orientées vers le dirigeant
En raison de la relation étroite qu’il entretient avec le chef d’entreprise, qu’il soit dirigeant de société ou travailleur non salarié, l’expert-comptable est considéré comme le conseiller privilégié de l’entreprise. Il est fréquent que les clients le consultent pour des questions concernant la protection sociale, la planification de la retraite, la gestion de la trésorerie ou l’optimisation de la rémunération. à noter, le conseil patrimonial est également soumis à des réglementations spécifiques, nécessitant une formation appropriée et un accompagnement spécialisé.
La création d’un pôle patrimonial pourra proposer des missions de conseil incluant les domaines suivants :
• stratégie de rémunération du dirigeant ;
• statut du dirigeant (passage au statut social de travailleur non salarié par exemple) ;
• statut du conjoint ;
• diagnostic et stratégie prévoyance ;
• sélection et implémentation de la couverture sociale ;
• valorisation du patrimoine ;
• diagnostic et stratégie retraite ;
• accompagnement au départ en retraite.
Le plus souvent, le cabinet possède déjà de nombreuses données utiles pour proposer ou mener ces missions. La difficulté réside dans l’exploitation et la valorisation de la data. Par exemple, est-il possible de recevoir une alerte chaque fois qu’un dirigeant client atteint l’âge de 50 ans afin de lui proposer des missions en lien avec la préparation de la retraite ?
Le modèle économique des nouvelles missions
Face à l’évolution numérique, les experts-comptables doivent envisager une transition de la logique de production, automatisable par l’intelligence artificielle, vers une exploitation stratégique des données pour un accompagnement client personnalisé. Cette évolution nécessite une révision de la stratégie globale du cabinet, en prenant en compte le positionnement, les objectifs, la clientèle, les compétences des collaborateurs et les ressources disponibles. Dans ce contexte, repenser la structure des coûts et le modèle de tarification devient essentiel : faut-il privilégier la facturation au temps, à la complexité, ou à la valeur ajoutée ? Identifier les missions et les dossiers les plus rentables permettra d’ajuster les offres pour intégrer ces nouvelles missions de manière économiquement viable. Ce virage stratégique vers l’analyse de données et l’accompagnement ciblé ouvre la voie à une offre de services renouvelée, positionnant l’expert-
comptable comme un partenaire stratégique clé pour ses clients.
Vendre une nouvelle mission
La vente englobe toutes les techniques et les compétences qui permettent de déclencher un achat. Cela commence par l’écoute et la connaissance des clients et prospects pour comprendre leurs besoins et leur apporter des solutions.
Les cabinets, souvent très proches de leurs clients, ont donc une longueur d’avance pour vendre de nouvelles missions, par rapport à d’autres professions qui n’auront jamais une connaissance aussi fine des TPE et PME françaises. D’un autre côté, les fonctions marketing et commerce sont encore mal connues d’une profession où la priorité a toujours été mise sur la rigueur technique et la conformité. Peu de cabinets se fixent des objectifs de ventes chiffrés, par exemple. Alors que de nombreux cabinets fournissent déjà des conseils de haut niveau, le défi réside dans la capacité à valoriser et à commercialiser ces services, à transformer l’expertise en propositions concrètes et facturables. Pour y faire face, il est essentiel d’investir dans la formation et l’accompagnement, tant pour les dirigeants que pour les équipes. Comprendre les fondamentaux du marketing, maîtriser les techniques de vente et adopter les outils adéquats, comme les systèmes de gestion de la relation client (CRM), sont des étapes clés pour bâtir une stratégie commerciale efficace.
Repenser l’offre de services et sa commercialisation
En conclusion, le numérique transforme le métier d’expertise comptable et incite les cabinets à repenser leurs offres de services en proposant de nouvelles missions.
La matière première de ces nouvelles missions est déjà là : c’est la data. Les données sont partout et si les experts-comptables parviennent à les maîtriser et à créer des liens entre elles, c’est naturellement qu’ils garderont leur rôle de conseillers stratégiques des dirigeants.
Et si la dernière marche à franchir vers le conseil et les nouvelles missions était la maîtrise des techniques de vente ?