La forte dynamique de l’entrepreneuriat s’est maintenue en 2024

Médiateur national du crédit à la Banque de France, Président de l’Observatoire du financement des entreprises

La création d’entreprise est restée très dynamique en 2024. Derrière les évolutions que l’on constate, il y a un changement des attentes des créateurs et un impératif qui se renforce de mieux accompagner nos entreprises de la création à tous les stades de leur développement.

Depuis quatre ans, malgré les crises successives, en dépit des alertes sur le mur de la dette, au-delà des discours répétés sur l’explosion des défaillances, une réalité objective et sereine s’impose : l’entrepreneuriat continue de séduire et, en 2024, l’Insee constate un nouveau record en matière de créations d’entreprises, dépassant le million (1,111 million de créations d’entreprises).

Ce chiffre traduit un paysage entrepreneurial en constante évolution avec la clé que constituent l’innovation et l’adaptabilité et l’importance des micro-entrepreneurs. Cela doit nous alerter sur la nécessité de mieux répondre aux attentes des porteurs de projets.

Le rebond des créations d’entreprises largement porté par les micro-entreprises

Selon les derniers chiffres de l’Insee, en 2024, ce sont 1 111 200 créations d’entreprises qui ont été enregistrées, soit une augmentation de 6 % après deux années de stabilisation autour du million de créations. C’est donc un nouveau niveau record.

L’accent, en partie critique, est souvent mis sur le fait que cette hausse résulte de la création d’entreprises individuelles sous le régime du micro-entrepreneur, dont les créations se sont élevées à plus de 700 000 en 2024, le plus haut niveau jamais atteint, représentant plus de 60 % des créations d’entreprises. 

Dans le même temps, la création de sociétés reste dynamique (284 600 créations, soit + 5 %) alors qu’à l’inverse, les créations d’entreprises individuelles classiques poursuivent leur baisse à 110 500 (– 3 %), leur plus faible niveau depuis 2015.

Cette nouvelle structure du tissu d’entreprises, avec la dominante que constitue le micro-entrepreneur, qui bénéficie du régime de même nom (appelé auto-entrepreneur jusqu’en 2014), s’explique par la facilité administrative et fiscale qu’offre ce statut qui permet de concrétiser des projets qui n’existeraient probablement pas dans un autre cadre juridique. 

Les profils et les motivations des micro-entrepreneurs 

Cette évolution répond donc à celle de notre société, puisque le profil de ces micro-entrepreneurs sont divers : le plus fréquemment, des anciens salariés motivés par un désir d’indépendance et cherchant à réaliser leur propre vision d’entreprise, mais aussi des personnes qui cherchent à sortir de la précarité, pour s’affranchir des incertitudes du marché du travail ou pour trouver une nouvelle forme de réintégration professionnelle. On y trouve aussi des salariés à la recherche de compléments de revenus (tout en conservant leur emploi), de jeunes retraités, mais aussi des entrepreneurs expérimentés.

Il y a donc une diversité de profils avec des motivations multiples, alliant passion, diversité ou opportunité, mais, dans chaque situation, une volonté de contribuer à un écosystème entrepreneurial dynamique et résilient, même si l’on constate des taux de pérennité largement inférieurs à ceux des entreprises classiques.

L’envergure, comme le potentiel de création d’emplois, sont plus limités et cela ne contribue pas à renforcer le poids de nos TPE-PME, plaçant la France dans une situation très différente de la moyenne européenne, et par rapport aux principaux grands pays européens avec une part dans la valeur ajoutée globale des TPE et des PME qui est sensiblement inférieure, comme cela a été retracé dans le rapport 2024 de l’Observatoire du financement des entreprises : « la situation des TPE-PME, un financement assuré, mais des enjeux structurels importants ».

Cette dynamique de créations renforce la nécessité de mieux répondre aux attentes des porteurs de projets

Se lancer dans la création d’entreprise est un signe d’optimisme, mais celui-ci ne doit pas se transformer en découragement face au parcours « du combattant » qui attend le chef d’entreprise : connaître la réglementation liée à l’activité, construire un plan d’activité, adopter une structure juridique adaptée, trouver des aides financières, réaliser les formalités administratives, etc.

Créer une entreprise, c’est avoir la certitude d’avoir à affronter des hauts et des bas. Il est donc essentiel, dès la création, de se faire accompagner, d’identifier les partenaires clés, de se doter d’outils de pilotage indispensables à la gestion, et donc souvent, de se former, car gérer une entreprise, ce n’est pas seulement connaître son activité.

Plusieurs réseaux nationaux sont à la disposition des entrepreneurs pour les accueillir, les informer et les accompagner dans le montage de leur projet. Certains s’adressent à tous les créateurs, comme les chambres consulaires (chambres de commerce et d’industrie, chambres des métiers et de l’artisanat), ou le réseau BGE d’appui aux entrepreneurs. D’autres assurent un suivi des entreprises qu’ils ont financées, comme l’Adie 1, France Active 2, Initiative France 3, ou le Réseau Entreprendre 4.

Les multiples facettes du créateur d’entreprise

Créer une entreprise, c’est développer une clientèle, mais c’est aussi gérer des chiffres, un chiffre d’affaires, une marge, une trésorerie, un bilan. Autant de concepts qui ne seront pas nécessairement familiers à l’entrepreneur, sur lesquels il devra acquérir un minimum de connaissances. Mais il pourra aussi s’appuyer sur un expert-comptable qui réalisera les états financiers, mais qui sera là aussi pour l’accompagner et le conseiller.

Face à la dynamique entrepreneuriale, il est également indispensable que tous les acteurs de l’accompagnement adaptent leurs approches. Les dispositifs sont nombreux, comme les acteurs qui sont motivés, mais les approches sont très largement fondées sur une démarche attendue, de la part du chef d’entreprise, de solliciter les dispositifs mis à sa disposition (sites internet, réseaux d’accompagnement, etc.). 

Pourtant, le chef d’entreprise n’a pas toujours le temps ni l’énergie et, en cas de difficulté, se trouve souvent dans une situation de déni. Il est donc essentiel de développer des démarches systématiques d’information des chefs d’entreprise, à la création, sur l’importance de l’accompagnement, l’existence de formations, la nécessité de disposer d’outils de pilotage et sur les dispositifs d’accompagnement proposés par les acteurs publics ou institutionnels, lors de tout « incident » (retard ou non-dépôt des comptes, impayé bancaire, fiscal, social, honoraires, etc.) ou recours aux mesures d’aides.

La création d’entreprise est l’essence de notre économie, alors se faire accompagner à la création et aux différents stades de la vie de l’entreprise est le gage de la réussite des projets d’entreprise.

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