Cartographie des principaux financements pour la création d’entreprise et accompagnement sur mesure de l’expert-comptable

Président du comité financement du Conseil supérieur de l'ordre des experts-comptables
Chargé de mission senior, Commission juridique entreprise

Le lancement de l’activité de l’entreprise demeure une étape déterminante pour chaque entrepreneur. Un départ qui s’opère sur des bases saines et solides est souvent synonyme de succès à moyen et long terme. Le point avec une cartographie des solutions de financement pour la création et un éclairage sur le rôle essentiel de l’expert-comptable dans l’accompagnement des nouveaux entrepreneurs.

Le financement du haut de bilan est nécessaire pour financer le lancement, mais également le développement de l’entreprise ainsi que ses besoins matériels et immatériels (R&D, etc.). Le rôle des fonds propres, constitués des apports des dirigeants et de capitaux extérieurs, est double : financer une partie de l’investissement et surtout servir de garantie aux créanciers de l’entreprise qui financent l’autre partie de l’investissement. Les fonds propres sont donc indispensables pour asseoir la structure financière de l’entreprise et inspirer confiance aux tiers. Ils favorisent l’effet de levier.

Pour les phases spécifiques « d’émergence du projet », « d’amorçage » et « de création » de multiples solutions de financement coexistent et peuvent se cumuler. Outre les aides 1 à la création d’entreprise, les solutions de financement se répartissent généralement en fonds propres et en dettes. 

Les différentes typologies de financeurs lors des trois premières phases du cycle de vie de l’entreprise 

Love money

L’entrepreneur sollicite le cercle immédiat, composé de sa famille et de ses amis, pour collecter des fonds qui seront utilisés pour constituer les capitaux propres de l’entreprise et aider au démarrage et au développement de cette dernière. Ces particuliers, proches de l’entrepreneur, deviendront actionnaires à la hauteur de leur contribution dans le capital de l’entreprise.

Le financement participatif sous forme de don 

La solution du crowdfunding, ou financement participatif, sous forme de don (avec ou sans contrepartie) peut être également envisagée afin de solliciter le grand public. Après le « premier cercle » (famille et amis) de l’entrepreneur, puis le « deuxième cercle » (les amis d’amis), cette forme de financement participatif permet de constituer un « troisième cercle » (le grand public) autour du créateur et de tester l’engouement des internautes vis-à-vis du projet d’entreprise et de réaliser un test de marché grandeur nature.

Le porteur de projet, avec cette solution alternative de financement, n’aura donc pas à rembourser les éventuels contributeurs. Il aura à supporter une commission facturée par la plateforme, s’élevant en général à 8 % du montant total des fonds récoltés.

On notera, pour les projets ambitieux ou pour des start-up nécessitant des capitaux propres importants, la solution du crowdequity, correspondant au financement participatif sous forme d’investissement en capital.

Les concours de créateurs

De nombreux concours de créateurs existent. Si l’entrepreneur que vous accompagnez pense avoir une idée novatrice et que son projet sort de l’ordinaire, vous pouvez l’orienter vers les concours pour l’aider à financer sa création d’entreprise. En remportant un prix ou un trophée, l’entreprise pourra le faire valoir auprès de divers acteurs économiques et aura davantage de chances de séduire les autres financeurs. Une liste des concours existants est disponible sur le site bpifrance-creation.fr. 

Les Cigales

Les Clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire (Cigales) sont des structures de capital-risque solidaire qui mobilisent l’épargne de leurs membres au service de la création et du développement de petites entreprises locales et collectives (SARL, SCOP, SA, associations). Ils proposent des interventions d’un montant compris entre 1 500 et 3 000 euros en moyenne au service de la création et du développement de petites entreprises locales et collectives.

Les Business Angels

Cette solution, qui permet de lever des capitaux, est destinée quasi uniquement aux start-up innovantes à fort potentiel. Les Business Angels sont des personnes physiques qui exercent leur activité en réseau et investissent une part de leur patrimoine dans une entreprise innovante à potentiel. Ils interviennent à tous les stades de la vie de l’entreprise : création, développement, reprise. Toutefois, leur action se situe principalement en phase d’amorçage.

Les fonds d’amorçage

La plupart des fonds classiques de capital-risque revendiquent une activité d’amorçage. Cette activité demeure faible néanmoins. Les opérations d’amorçage sont réalisées, en priorité, par des fonds régionaux… Le nombre d’opérations en amorçage réalisées en France par ces fonds reste cependant limité en regard du besoin d’amorçage constaté. 

Les prêts d’honneur

Pour aider les entrepreneurs à créer, reprendre ou développer une société, certains réseaux d’accompagnement régionaux délivrent des prêts d’honneur. L’attribution du prêt d’honneur repose sur une relation de confiance entre les créateurs d’entreprise et leurs réseaux d’accompagnement. Souvent ce prêt d’honneur est accordé au chef d’entreprise ; ce qui lui permet de renforcer ses fonds propres. Les personnes physiques souhaitant s’installer comme auto-
entrepreneur ne sont généralement pas éligibles à ce type de dispositif.

Le prêt d’honneur ne remplace pas un prêt bancaire, il en facilite néanmoins souvent l’obtention. Le prêt d’honneur permet généralement d’obtenir un effet levier significatif. Il a été constaté que pour 1 euro de prêt d’honneur, les banques accordent 7 euros de financement complémentaire. La plupart des taux du prêt d’honneur sont en général à taux 0. Les prêts d’honneur sont généralement accordés sans demande de garantie de la part de l’organisme. 

Les principaux organismes qui délivrent des prêts d’honneur 

France Active est une association qui soutient la création et le développement des entreprises sociales et solidaires en France : prêts d’honneur de 3 000 à 50 000 euros.

Initiative France constitue le premier réseau associatif de financement et d’accompagnement de la création d’entreprise en France : prêts d’honneur de 2 000 à 45 000 euros.

Réseau Entreprendre est une association qui soutient les projets de création et de reprise d’entreprise : prêts d’honneur allant jusqu’à 50 000 euros.

Le crowdfunding par le prêt non rémunéré

Le prêt solidaire (sans intérêts), proposé par certaines plateformes de crowdfunding, permet de rassembler de petits montants inférieurs à 10 000 euros pour financer un projet de proximité.

Complémentarité du crowdfunding avec le prêt bancaire

Le financement d’un projet d’entreprise par le don peut constituer une première étape avant de solliciter un prêt bancaire. Il est de plus en plus courant d’observer une certaine complémentarité entre les différents modes de financement.

La capacité d’un entrepreneur à mobiliser les différents cercles d’investisseurs (famille-amis, amis d’amis, internautes) lors d’une collecte de fonds sous forme de don constitue une preuve de sérieux non négligeable pour un projet qui peut entraîner, par la suite, l’obtention d’un prêt auprès d’un établissement bancaire.

Le micro-crédit

Les acteurs du micro-crédit sont des associations qui guident et accompagnent les micro-entrepreneurs, essentiellement des chômeurs et des bénéficiaires de minima sociaux, dans la création ou le développement de leurs entreprises. Ces financements solidaires permettent de viabiliser les projets et à l’entrepreneur d’accéder, par la suite, aux circuits bancaires et financiers.

Le prêt bancaire 

Après avoir constitué son apport et établi, à l’aide de son expert-comptable, un plan d’affaires (ou « business plan ») réaliste mettant en évidence les besoins nécessaires au financement de l’activité, l’entrepreneur peut solliciter les différents réseaux bancaires pour financer, intégralement ou en partie, son projet de création d’entreprise. 

Lors de la phase de pré-création (ou émergence), l’expert-comptable pourra aider l’entrepreneur, qui aura arrêté, au préalable, son modèle économique (business model), à cerner les réalités économiques et financières de son projet. Pour ce faire, l’expert-comptable établira avec le dirigeant un plan d’affaires (business plan) pertinent qui comprendra un compte de résultat prévisionnel, un budget d’exploitation sur trois ans ainsi qu’un plan de trésorerie mensuel et un bilan à la fin de chaque exercice. Il aidera également le dirigeant à déterminer ses seuils de rentabilité selon différentes hypothèses.

Focus sur l’étape incontournable de la réalisation d’un « business plan » lors de la phase de création

L’étude de la structure financière de l’entreprise étant impossible du fait de la création de la société, les financeurs extérieurs regarderont, avec la plus grande attention, le plan d’affaires et les hypothèses sous-jacentes. Notons que différents scenari peuvent être proposés en fonction des hypothèses retenues : un scénario optimiste, un autre médian dit « réaliste » et un autre un peu plus prudent.

La réalisation d’un plan d’affaires sérieux et réaliste démontrera la viabilité du projet de l’entrepreneur dans les années à venir. Ce prérequis, nécessaire pour présenter un projet, doit permettre de matérialiser au travers d’un document de synthèse deux éléments essentiels :

• les comptes prévisionnels établis à partir d’hypothèses cohérentes ;

• la définition des besoins et des ressources nécessaires pour lancer l’activité.

L’accompagnement de l’entrepreneur par un expert-comptable constitue un gage de fiabilité pour les financeurs

L’expert-comptable cherchera à optimiser le plan de financement du projet en analysant l’ensemble des ressources financières sur lesquelles le dirigeant pourra s’appuyer : apports personnels, aides ou subventions (prêts d’honneur, organismes de cautionnement mutuel, etc.), prêts bancaires classiques, sources de financement alternatif. L’attestation du plan d’affaires basé sur des hypothèses réalistes rassurera les financeurs et permettra de faciliter l’obtention d’un financement. 

L’expert-comptable joue donc pleinement son rôle de tiers de confiance qui rassure l’ensemble des autres acteurs de l’écosystème entrepreneurial local dans lequel évolue l’entreprise, notamment les financeurs.

L’expert-comptable pourra in fine accompagner son client lors des entretiens avec des partenaires financiers afin de l’aider à obtenir un financement et à négocier certaines caractéristiques définissant ce dernier (frais de dossier, taux d’intérêt, durée, etc.).

En conclusion, l’expert-comptable, en tant que conseiller privilégié du chef d’entreprise, est le mieux placé pour accompagner le créateur d’entreprise dans sa première recherche de financement. Le lancement réussi de l’activité d’un entrepreneur, qui aura bénéficié de vos conseils en matière de gestion et d’accompagnement à la recherche de financement, vous permettra de fidéliser ce client durant de nombreuses années.   

1. Moteurs de recherche : les-aides.fr (CCI) ; aides-entreprises.fr (ISM).

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