PDP, OD, PA… Comment faire les bons choix pour votre cabinet et vos clients ?
- novembre 2025
- Numéro : 602
- Thématique(s) : facture électronique, retour sur le 80e congrès




La facturation électronique bouscule les outils, les flux, les habitudes… Mais elle ouvre aussi la voie à un rôle renforcé pour les experts-comptables. Cet atelier donne les clés d’une méthodologie claire et opérationnelle pour anticiper les impacts de la réforme et bien orienter les décisions stratégiques de la profession comptable.

La réforme de la facture électronique s’impose comme un tournant majeur dans la transformation numérique des cabinets et entreprises. Au-delà de l’obligation légale, elle constitue une véritable refonte des processus comptables, fiscaux et organisationnels. Pour les cabinets d’expertise comptable, elle représente une opportunité stratégique : celle de consolider leur rôle central dans la chaîne de valeur, d’accompagner leurs clients dans la transition et d’ouvrir la voie à de nouveaux services à forte valeur ajoutée.
Un nouvel écosystème structurant : PPF, PDP, OD et PA
La réforme s’appuie sur un socle technologique et réglementaire inédit qui redessine l’ensemble du processus de facturation électronique. Elle repose sur quatre acteurs complémentaires.
• Portail public de facturation (PPF) : concentrateur national des données de facturation et de e-reporting. Il gère notamment l’annuaire centralisé des entreprises et collecte les informations transmises à l’administration fiscale.
• Plateformes agréées (PA)/Plateformes de dématérialisation partenaires (PDP) : plateformes agréées par l’État, responsables de l’émission, de la réception, de la conversion et de la transmission des factures dans les formats conformes (Factur-X, UBL, CII). Elles assurent également la gestion du cycle de vie des factures et le reporting fiscal.
• Solutions compatibles (SC)/Opérateurs de dématérialisation (OD) : acteurs techniques compatibles, non agréés, proposant des services tels que la conversion de formats, l’intégration aux ERP, la collecte multicanale, la précomptabilité ou l’archivage.
Apprivoiser cet écosystème est indispensable pour anticiper les impacts techniques, juridiques et organisationnels de la réforme et définir une stratégie cohérente à l’échelle du cabinet.
Cartographier pour mieux choisir : une approche méthodologique rigoureuse
Le choix d’une PA/PDP ou d’un SC/OD n’est pas une simple décision logicielle : c’est un choix structurant qui engage durablement l’organisation du cabinet. L’approche méthodologique présentée lors de l’atelier repose sur une série de cartographies indispensables.
• Cartographie des flux entrants et sortants : analyser les volumes, formats, provenances et destinations des factures afin d’adapter les interfaces et d’optimiser les processus.
• Cartographie des outils numériques : recenser les logiciels comptables, ERP, outils métiers et solutions existantes pour évaluer leur compatibilité et les besoins d’interopérabilité.
• Cartographie des profils clients : segmenter la clientèle par taille, secteur d’activité, maturité numérique et complexité des flux pour adapter les solutions proposées.
• Cartographie des exigences : intégrer les enjeux de sécurité, de conformité (NF461, eIDAS), d’archivage probant, de reporting et de continuité opérationnelle.
• Cartographie des besoins fonctionnels : identifier les services attendus, tels que la gestion des paiements, le pilotage en temps réel ou l’intégration comptable.
Cette démarche permet de bâtir un cahier des charges précis et d’objectiver le choix des partenaires technologiques.
Fonctionnalités différenciantes : les critères clés de sélection
Toutes les solutions ne se valent pas. Certaines fonctionnalités sont désormais incontournables pour garantir la conformité réglementaire et maximiser l’efficacité opérationnelle.
Pour les PA/PDP
• Couverture réglementaire complète incluant l’e-reporting automatisé.
• Archivage probant sur 10 ans, conforme aux exigences NF461 et eIDAS.
• Connecteurs API ouverts vers les ERP, logiciels comptables et réseau Peppol.
• Module intégré de facturation, gestion des paiements et e-reporting fiscal (natif).
Pour les SC/OD
• Convertisseur automatique PDF vers Factur-X / UBL intégré.
• Passerelles natives vers plusieurs PA/PDP pour assurer l’interopérabilité.
• Collecte et OCR multicanal, précomptabilité et export universel.
• Réversibilité et migration facilitée des données en « un clic ».
La sélection doit être guidée non seulement par les besoins techniques, mais aussi par la capacité de la solution à soutenir la stratégie du cabinet à moyen et long terme.
Stratégies de cabinets : quatre modèles pour structurer sa démarche
L’atelier a mis en lumière quatre grandes stratégies de cabinets, chacune avec ses atouts et ses limites.
• Stratégie « Sans Couture » : priorité à l’intégration fluide et à la continuité opérationnelle entre les systèmes internes, les PDP et les outils clients.
• Stratégie « Émancipation » : choix de solutions ouvertes pour garantir l’indépendance technologique et éviter l’effet de verrouillage par un éditeur unique.
• Stratégie « Déresponsabilisation » : externalisation complète auprès d’un prestataire. Attention toutefois au risque de perte de maîtrise du conseil et de l’accompagnement client.
• Stratégie « Multi-PA/PDP » : sélection de plusieurs partenaires selon les typologies de clients ou de besoins métiers, pour maximiser la valeur ajoutée.
Le choix de la stratégie doit être aligné avec la vision de développement du cabinet, sa taille, son modèle d’organisation et son offre de services.
Passer à l’action : transformer l’obligation en levier de croissance
À moins d’un an de l’entrée en vigueur de la réforme, le temps n’est plus à la veille technologique mais à l’action opérationnelle.
Les cabinets ont désormais trois priorités :
• assainir les données clients et fournisseurs pour garantir leur qualité et anticiper les besoins d’interopérabilité ;
• définir une trajectoire technologique claire, incluant le choix de la PDP, de l’OD et des connecteurs stratégiques ;
• accompagner les clients dans leur propre transition numérique, en proposant des offres de services adaptées à leurs besoins et à leur maturité.
La facture électronique constitue bien plus qu’une obligation réglementaire : c’est un levier de modernisation, d’efficacité et de création de valeur. Les cabinets qui s’y engagent dès aujourd’hui renforceront leur rôle d’acteurs stratégiques de la donnée financière et fiscale, et affirmeront leur place de chef d’orchestre des flux dématérialisés.
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En conclusion, la réussite de la réforme repose sur trois piliers : la compréhension fine de l’écosystème (PPF, PA, SC), une méthodologie de choix rigoureuse et l’intégration de la facture électronique dans une stratégie globale de cabinet. En anticipant dès aujourd’hui, les experts-comptables ont l’opportunité de transformer une contrainte réglementaire en un moteur de croissance durable.
Enfin, il est essentiel de rappeler que l’indépendance du cabinet doit rester au cœur de cette transformation. Dans un environnement où les plateformes, les éditeurs et les prestataires techniques se multiplient, la capacité du cabinet à choisir librement ses partenaires, à maîtriser ses flux de données et à conserver la gouvernance de la relation client sera un facteur clé de succès. Préserver cette indépendance technologique et stratégique, c’est garantir la pérennité de notre rôle d’acteurs de confiance, de conseil et de pilotage auprès des entreprises.
Les outils de l’Ordre à la disposition des experts-comptables
• Fiche pratique PPF, PDP, OD : https://extranet.experts-comptables.org/document/6a52c6ea-cef3-4e13-8d5b-cdd822c31952
• Le guide des solutions numériques : https://gsn.experts-comptables.org/
• e-FAC expert : https://extranet.experts-comptables.org/dossier/e-fac-expert
• Le guide pratique de la facture électronique : https://extranet.experts-comptables.org/publication/5ccb7f28-dd92-422b-bf9b-a9f9a72b5258
