Associations et fondations : des enjeux décisifs pour des acteurs indispensables

Expert-comptable, vice-président de la commission des marchés, président du comité ESS du CNOEC
Expert-comptable, commissaire aux comptes, pilote du groupe de travail Associations et Fondations du CNOEC, membre du Haut Conseil à la vie associative (HCVA)

Selon les estimations de la Commission européenne, l’ensemble des États membres de l’Union européenne compte 3,8 millions d’associations actives. Parmi celles-ci, la France compte, à elle seule, 1,3 million d’associations actives, soit le tiers.

Les évolutions récentes soulignent l’importance croissante du secteur associatif dans le paysage social et économique français, ainsi que sa capacité à s’adapter aux changements et à répondre aux besoins de la société.

Cependant, le moral des responsables associatifs est en berne selon l’enquête de Recherches et Solidarités 1 publiée en juillet 2025. En effet, 53 % d’entre eux estiment leur situation financière difficile et/ou très difficile, même constat pour la situation du bénévolat (51 % des responsables associatifs). Ils prévoient que, d’ici la fin de 2025, leur situation sera difficile ou très difficile pour 45 % d’entre eux (+ 10 % par rapport à la dernière enquête). De plus, 37 % d’entre eux envisagent seulement un maintien voire une réduction de leur activité. Ces tendances touchent la majorité des types d’activité des associations, notamment l’éducation populaire, l’environnement et la solidarité internationale.

Les enjeux du secteur associatif

Dans ce contexte, le secteur associatif fait face à des enjeux cruciaux qui sont autant de défis à relever. 

• Un accroissement des besoins des populations vulnérables ou nécessitant des services sociaux spécifiques, la persistance de difficultés économiques augmentent aussi bien la taille de cette population que la nature de ces services. Le « succès » des banques alimentaires en est une illustration. 

• Une baisse régulière des financements publics à l’échelle locale, régionale et nationale. À l’international, ils ont fortement diminué, voire été totalement interrompus, y compris pour des conventions déjà en cours (comme celles de l’USAID 2). Cette situation s’accompagne d’un manque de visibilité quant aux financements pérennes.

• Une montée des logiques de marché. Les associations doivent de plus en plus répondre à des appels à projets ou des commandes publiques, ce qui les pousse à adopter des modèles de gestion plus concurrentiels.

• Une inflation et des coûts croissants qui influent directement sur les charges des associations, notamment des charges de personnel, de logistique, des locaux, etc.

• Les obligations de reporting financier et opérationnel se durcissent, intégrant désormais des exigences accrues en matière de conformité (bénéficiaires effectifs, contrat d’engagement républicain, LCB-FT 3, PSEA 4, etc.). Ces contraintes s’ajoutent à des frais administratifs souvent insuffisamment financés.

• La responsabilité sociale et environnementale qui interroge le modèle économique des associations avec des injections voire des conditionnalités de la part des bailleurs.

• D’autres enjeux notamment liés au bénévolat et à l’appel à la générosité…

Les leviers, les opportunités et l’accompagnement

La capacité de résilience des acteurs associatifs est bien réelle et ils l’ont démontré dans le passé.  Certaines contraintes peuvent se transformer en opportunités ou en leviers d’évolution du modèle économique, tout en préservant l’utilité sociale, qui demeure leur socle essentiel.

Plusieurs axes de réflexions et d’actions

• Améliorer la prévention des difficultés, en détectant les signaux d’alerte avant qu’il ne soit trop tard, améliorer sa gestion de trésorerie, utiliser des dispositifs souvent méconnus, comme les procédures de conciliation ou de médiation.

• Utiliser le dispositif local d’accompagnement (DLA)  https://www.info-dla.fr/

• Rechercher des synergies avec d’autres associations et favoriser la mutualisation des moyens et quand cela est possible, le regroupement entre elles. Le récent décret n° 2025-780 du 7 août 2025, en application de la loi 2024-344 du 15 avril 2024, favorise et encadre la solidarité financière entre associations. 

• Diversifier les financements et utiliser davantage le levier du mécénat sous toutes ses formes.

• Interroger régulièrement le projet associatif et le modèle économique en impliquant les parties prenantes, notamment les bénévoles, les donateurs, les partenaires, etc.

Il n’y a pas de recette miracle !  Chaque association est unique et sa démarche sera adaptée et spécifique. 

Nous espérons, à travers ce numéro spécial, apporter des éclairages sur différentes contraintes, faciliter le respect de certaines obligations, améliorer l’organisation pour plus d’efficience et permettre d’anticiper plutôt que de subir.

Les associations et fondations sont au cœur de l’utilité et de la cohésion sociales dans notre pays et les experts-comptables seront toujours à leurs côtés pour les accompagner dans cette noble tâche. Bonne lecture ! 

2. Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).

3. Le dispositif français de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT).

4. Prévention de l’exploitation et des abus sexuels (PSEA : Protection from Sexual Exploitation and Abuse).

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