La profession comptable au Japon 

Le Japon compte plus de 32 000 experts-comptables. L’inscription auprès de l’Institut japonais des experts-comptables agréés JICPA ¹ est obligatoire pour tous les professionnels souhaitant exercer cette profession dans le pays. Découverte de l’organisation de la profession d’expert-comptable au pays du Soleil-Levant.

Le régime des experts-comptables japonais date de juillet 1948 avec la promulgation de la loi portant sur le statut des experts-comptables. Ce statut fêtera, en 2023, son 75^e anniversaire. Depuis, les experts-comptables ont su établir avec la société une relation de confiance en exerçant en son sein une fonction d’accountability en tant qu’experts détenteurs de connaissances spécialisées et d’un vaste savoir en matière d’audit, de finance, de comptabilité, de fiscalité ou de conseil, ainsi qu’un sens éthique élevé. En 2022, le JICPA, conformément à son nouveau slogan Building Trust, Empowering our Future ², s’est fixé comme objectif que tous les experts-comptables contribuent à créer une société sûre, pleine de vitalité et prospère, et ouvrent la voie à un avenir prometteur en appliquant les standards les plus élevés d’accountability et en instaurant la confiance dans l’ensemble de la société en travaillant en tant que partenaires professionnels avec des personnes du monde entier. De nombreuses initiatives sont entreprises dans cette intention, en phase avec l’expansion des missions des experts-comptables.

Un statut révisé pour renforcer les compétences de la profession 

Sur le plan institutionnel, la loi portant statut des experts-comptables a été révisée pour la première fois en 15 ans afin de garantir la fiabilité des audits comptables et de mieux déployer et améliorer les compétences de la profession. Avec cette révision, l’inscription des cabinets en charge des audits des sociétés cotées en Bourse*, effectuée jusqu’alors dans le cadre d’un mécanisme d’autorégulation du JICPA, a été inscrit dans la loi. En outre, pour une plus grande diversité des ressources humaines, les restrictions de services basées sur la situation matrimoniale des employés des cabinets d’audit ont été assouplies. Par ailleurs, afin de promouvoir les actions éducatives entreprises par le JICPA dans le but d’améliorer les connaissances de la société en matière de comptabilité, ce point est désormais inscrit par la loi aux statuts du JICPA.

Le JICPA procède aux examens nécessaires afin que l’ensemble des dispositions relatives aux experts-comptables soient mises en place de manière à en garantir l’efficacité.

Le champ des activités des experts-comptables au Japon

Le Japon comptait 32 465 experts-comptables en juillet 2022. Environ 40 % d’entre eux travaillent dans des sociétés d’audit ; leurs activités portent principalement sur de ces services. En outre, environ 30 % d’entre eux sont inscrits en tant que comptables fiscalistes**, et travaillent donc dans la fiscalité.

Au Japon, de plus en plus d’experts-comptables exercent dans le secteur du conseil, ou encore en entreprise ou dans les organismes administratifs en tant qu’experts-comptables ou administrateurs externes (directeurs ou auditeurs externes).

Des audits et autres services existants plus sophistiqués, et une plateforme renforcée

La confiance envers les experts-comptables trouve son origine dans la confiance de la société envers les services d’audit, qui sont des fonctions d’infrastructure du marché des capitaux. On compte aujourd’hui plus de 120 cabinets inscrits en tant que cabinets en charge des audits des sociétés cotées en Bourse* ; ainsi, alors que le nombre de responsables de l’audit des sociétés cotées en Bourse explose, les formations doivent être renforcées pour permettre à un large éventail d’auditeurs de fournir des services d’audit afin de maintenir la confiance de la société envers cette discipline. À cette fin, le JICPA procède au renforcement de sa plateforme opérationnelle en l’internationalisant et en rendant les services plus sophistiqués grâce à la transformation numérique. Cette transformation numérique permettant, par ailleurs, l’optimisation des tâches, l’institut réoriente les ressources limitées de la profession vers les domaines où une compétence professionnelle est nécessaire et celles où une relation humaine est irremplaçable.

Pour ce qui est de la transformation numérique, le JICPA a participé à une étude menée par l’Institut de recherche physique et chimique Riken, portant sur « l’impact de l’évolution technologique, notamment de l’intelligence artificielle (IA), sur les tâches des experts-comptables ». Cette étude ³ a posé comme hypothèse la substitution de l’IA à une partie des tâches d’audit et a étudié l’évolution du temps d’audit par personne et par an escomptée au terme de 10 années. Elle a montré la possibilité d’une amélioration de la productivité des tâches d’audit.

Par ailleurs, en matière de communication de l’information, les débats sont lancés au Japon concernant la révision du système trimestriel de communication de l’information, un des piliers de la stratégie gouvernementale du « nouveau capitalisme ». Le JICPA participe activement aux débats et garde un œil attentif sur les tendances.

Comment répondre aux attentes grandissantes envers les experts-comptables 

Au Japon, de moins en moins d’experts-comptables sont rattachés à une société d’audit. Cela suggère qu’on attend d’eux un rôle plus actif dans des secteurs divers et que leur champ d’activité s’étend. Le JICPA répond à ces attentes en mettant en place des mesures qui permettent aux experts-comptables d’améliorer leurs compétences pour exercer dans des domaines multiples, et aussi en renforçant les réseaux au sein de la profession.

Concernant la communication de l’information non financière, sujet de beaucoup d’attention actuellement, le JICPA fournit, de manière proactive, des opportunités de développement des compétences dans les domaines liés aux activités sur le changement climatique. Cela permet aux experts-comptables spécialisés dans les métiers de l’audit de mettre leur savoir-faire au service de cette activité. Les investisseurs ont, en effet, souligné l’importance de la communication de l’information non financière en la matière, mais également la communication de l’impact de ces changements sur les informations financières. Une réponse appropriée à ce sujet est exigée des experts-comptables en charge des audits.

Le JICPA a voulu éveiller les consciences dans ce domaine et a organisé un séminaire ⁴, avec pour objectif de partager les informations sur les évolutions récentes des politiques en matière de changement climatique, de renforcement de la communication de l’information et de garantie de la fiabilité à l’intention des acteurs des marchés des capitaux, au premier rang desquels les experts-comptables.

Par ailleurs, le JICPA est signataire du texte de l’Engagement net zéro du réseau des organisations comptables (A4S), une déclaration d’engagement à mettre en place des initiatives visant au net zéro, et prévoit de formuler et exécuter un plan d’action concret en vue de la réalisation du net zéro.

Coopération avec les organisations comptables étrangères

Des membres du JICPA siègent au sein du conseil (board) de l’IFAC (Fédération internationale des experts-comptables), du conseil d’établissement des normes (SSB) de l’IAASB (Conseil des normes internationales d’audit et d’assurance) et de l’IESBA (Conseil des normes internationales de déontologie comptable), ainsi que du groupe consultatif des PAIB (Professionnels comptables en entreprise). Le JICPA coopère et s’associe avec les organisations internationales, au premier rang desquelles la Fondation IFRS (IFRS Foundation), et s’investit également dans des activités avec la région Asie-Pacifique.

De même, les professionnels japonais travaillent activement aux activités d’associations de comptables au sein d’organismes régionaux tels que la Capa (Confédération des comptables d’Asie et du Pacifique) ou encore l’AFA (Fédération des comptables de l’ASEAN) ainsi qu’aux activités de groupe de l’Association trinationale des comptables avec la Corée du Sud et Singapour. Ainsi, le JICPA contribue au développement de la région Asie-Pacifique avec la collaboration de l’IFAC ainsi que du bureau Asie-Océanie de la Fondation IFRS, basé à Tokyo. 

Les étapes pour devenir expert-comptable au Japon

Pour devenir expert-comptable au Japon, il faut remplir l’ensemble des conditions 1 et 3 développées ci-dessous et s’inscrire au répertoire des experts-comptables.

1. Avoir réussi l’examen des experts-comptables japonais (QCM, dissertation).

2. Avoir une expérience de 2 ans minimum comme assistant comptable ou autre.

3. Suivre une formation pratique supplémentaire prodiguée par la Fondation japonaise pour l’éducation et l’apprentissage en comptabilité, réussir l’évaluation finale effectuée par le JICPA et être confirmé par le Premier ministre.

De plus, après son inscription, l’expert-comptable doit obtenir le nombre d’unités nécessaires de la formation professionnelle continue*** mis en place par le JICPA afin d’accomplir les missions et devoirs de sa profession et d’améliorer la qualité des services d’audit.

* Le Système d’inscription des cabinets en charge des audits des sociétés cotées en Bourse

Le JICPA a introduit le Système d’inscription des cabinets en charge des audits des sociétés cotées en bourse afin de compléter et renforcer les conditions du contrôle de la qualité des audits effectués par les cabinets qui ont des contrats d’audit avec des sociétés cotées, et également dans l’objectif de garantir la fiabilité de l’audit des états financiers sur les marchés des capitaux.

La réglementation de la cotation des valeurs mobilières sur les marchés boursiers au Japon stipule que l’auditeur comptable des entreprises cotées en Bourse doit être un cabinet d’audit soit inscrit au répertoire des cabinets en charge des audits des sociétés cotées en Bourse, soit au répertoire des cabinets candidats à l’inscription.

** L’Organisation de la profession de comptable fiscaliste au Japon

Les détenteurs de la qualification d’expert-comptable au Japon peuvent fournir des services fiscalistes à condition d’être inscrits au répertoire des comptables fiscalistes, géré par la Fédération japonaise des associations de fiscalistes agréés. Ceux qui ne sont pas comptables fiscalistes ne peuvent pas fournir de services fiscalistes et des pénalités sont appliquées en cas d’infraction. 

*** Le système de formation professionnelle continue

En vertu de l’obligation légale stipulée dans l’article 28 de la loi japonaise portant statut des experts-comptables, il est possible d’obtenir des unités de formation professionnelle continue en participant à des séances de formation, en auto-apprentissage, en rédigeant des articles ou autres, ou en étant instructeur notamment lors de formations. Les personnes qui sont membres du JICPA à la date du début d’un exercice fiscal doivent avoir suivi des formations à hauteur d’un total de 120 unités ou plus (1 heure = 1 unité) sur les 3 exercices passés incluant ledit exercice, et une formation d’un minimum de 20 unités au cours dudit exercice.

Tous les membres sont par ailleurs tenus de suivre des formations relatives à l’éthique professionnelle et à la fiscalité, et les membres en charge des contrôles légaux doivent en outre obligatoirement suivre une formation relative à la qualité de l’audit et au risque de fraude.

Par ailleurs, un volet des mesures de renforcement des audits impose aux membres en charge des contrôles légaux de suivre des formations portant sur des études de cas de fraude à hauteur d’un minimum de 2 unités sur 6 unités de la formation relative à la qualité de l’audit et à la gestion des risques de fraude.