La profession comptable au Québec 

CPA, CA. Présidente et chef de la direction de l'Ordre des comptables professionnels agréés du Québec

Comment est organisée la profession comptable dans les autres pays ? Qu’est-ce qui distingue un expert-comptable français d’un de ses pairs à l’étranger ? Début d’un tour du monde qui fait sa première halte au Québec auprès des comptables professionnels agréés, dont l’Ordre fête ses 1O ans en 2022.

Le dixième anniversaire de la création de l’Ordre des comptables professionnels agréés, célébré le 16 mai 2022, ouvre une nouvelle ère pour la profession. Depuis cette date, les 41 000 comptables professionnels agréés du Québec ne portent plus que le titre de CPA, indépendamment de l’ordre auquel ils appartenaient avant l’unification en 2012. Ainsi, à partir du 1er septembre 2022, ils devront tous avoir actualisé leur signature, leur courriel et tous les documents inhérents à cette nouvelle identité professionnelle.

Le titre unique de CPA

L’unification des trois ordres comptables a alors concrétisé une volonté commune de renforcer la protection du public, notamment en réduisant la confusion générée par le maintien de trois titres comptables dans le grand public. Signe que la profession a atteint son point de maturité, la toute dernière étape de la transition vers le titre unique de CPA a bien été franchie.

En parallèle, la profession doit composer avec un environnement qui bouscule les codes, avec la rareté de la main-d’œuvre et le déclin démographique qui plombent sa croissance et sa capacité à répondre aux besoins grandissants du marché.

La création de l’ISSB

La pandémie de Covid-19, en 2020, a mis en lumière le rôle essentiel des comptables professionnels agréés (CPA) du Québec. L’établissement à Montréal de l’un des quartiers généraux de l’International Sustainability Standards Board (ISSB) en est une illustration concrète. Cet organisme de normalisation a été créé en novembre 2021 dans le cadre de la Fondation IFRS, dont l’objectif est de développer des standards de durabilité qui faciliteront le reporting extra-financier des entreprises.

Le rôle des CPA dans la société

Au Québec, comme ailleurs en Amérique du Nord, les CPA jouent un rôle de premier plan dans toutes les sphères d’activité. Reconnus pour leur intégrité, leurs compétences et leur capacité d’analyse, ils sont au cœur du développement économique et de la saine gestion des organisations.

Alors que 5 000 candidats se préparent à entrer dans la profession, on compte au Québec 41 000 comptables professionnels agréés qui sont actifs dans tous les secteurs de l’économie, avec des champs d’expertise spécifiques : information financière, comptabilité de gestion, stratégie et gouvernance, audit et certification, finance et fiscalité. 

Les entreprises et le service public sont les premiers employeurs

Quelque 25 % des CPA travaillent dans des cabinets de services professionnels et pas moins de trois CPA sur quatre travaillent dans une entreprise ou dans le secteur public. Pour la taille du Québec, qui compte 8,5 millions d’habitants, autant dire qu’il y a des CPA partout, dans toutes les formes d’organisations. 

Avec un taux d’emploi avoisinant les 100 %, la profession est ici en situation de plein emploi. La demande est très soutenue dans les entreprises et dans la fonction publique, de sorte que les employeurs s’activent pour recruter la relève et sécuriser leur bassin de ressources humaines. Dans ce contexte où les recruteurs s’arrachent les CPA, la pratique en cabinet a moins la cote auprès de la nouvelle génération de CPA conseils et de CPA auditeurs, qui sont les porte-étendards d’une irréversible évolution des valeurs associées au succès et au travail. 

La distinction entre la formation comptable en France et au Québec  

Alors qu’en France, les futurs experts-comptables reçoivent une formation très pointue qui les destine plutôt à travailler en cabinet, la formation des futurs CPA québécois couvre un spectre plus large. Cette formation globale leur permet de développer des compétences en certification et en information financière, mais aussi en gestion, en finance, en stratégie et en marketing, tout comme elle leur permet d’acquérir une solide connaissance de plusieurs outils commerciaux et opérationnels. Les CPA québécois sont préparés à travailler dans une grande diversité de milieux et de contextes. 

Les activités professionnelles du CPA québécois

L’exercice de la profession de CPA couvre une vaste gamme d’activités qui ont pour objectif l’optimisation de la performance, de la rentabilité et de la croissance du patrimoine d’une personne, d’une entreprise ou d’une organisation, la saine gouvernance, la reddition de comptes et la fiabilité de l’information.

Il est important de préciser qu’il existe au Québec deux permis d’exercice distincts : le permis de CPA et le permis de CPA auditeur. Seul le CPA auditeur peut exercer certaines activités liées à la comptabilité publique 1, telles que la mission d’audit et la mission d’examen. Certains actes de certification sont réservés au CPA auditeur, notamment la délivrance d’un rapport d’audit d’états financiers isolés, du rapport d’éléments, de comptes ou de postes spécifiques d’un état financier. 

La protection du public n’est jamais bien loin des nouveaux territoires que la profession investit. Ainsi, en 2021, les CPA québécois ont reçu l’autorisation d’agir à titre de médiateurs dans les petites créances en matière fiscale. Le ministère de la Justice les a également autorisés à agir à titre de médiateurs dans tout litige comportant des enjeux financiers ou concernant une transaction commerciale. Les CPA peuvent dorénavant ajouter cette compétence à leur portefeuille et ainsi contribuer à la déjudiciarisation des litiges de cette nature. 

Un marché de services professionnels en transformation

Tendance lourde au Québec et ailleurs au Canada, les services de certification sont en transformation alors que l’offre de services dans le domaine du conseil se diversifie, en réponse à la demande grandissante des organisations. 

Nombre de cabinets entrevoient une baisse de la demande des services de moindre valeur ajoutée, comme la tenue des comptes, la conformité ou les services de base en fiscalité, notamment en raison de l’avènement des logiciels qui automatisent en tout ou en partie certaines tâches auparavant effectuées par les CPA. Ainsi, alors que la collecte et le traitement des données sont aujourd’hui monnaie courante, le véritable enjeu réside ailleurs, dans la capacité des organisations à en exploiter pleinement la valeur. Le CPA a, là, un rôle crucial à jouer, pour trouver et décrypter l’information pertinente et en faire un outil d’aide à la prise de décision. L’heure est donc à la réorientation de l’offre de services des CPA afin de consolider, voire d’élargir leur influence dans l’écosystème des affaires. 

Place à l’interprofessionnalité

Par ailleurs, la décroissance de certaines activités, conjuguée au désintérêt des jeunes CPA pour ce type de pratique, incite les cabinets de CPA à revoir leur modèle d’affaires et à faire place à l’interdisciplinarité. Pour certains, cela se traduira par une collaboration avec des ingénieurs pour développer des applications visant à optimiser la performance de leurs clients ou à les accompagner dans leur transition vers le développement durable. Pour d’autres, ce virage se traduira par une alliance avec des avocats pour offrir en complémentarité des services comptables, fiscaux et juridiques. L’ambition de l’Ordre des CPA est de soutenir ses membres dans cette transformation pour qu’ils forment l’épicentre de ces réseaux.

Obtenir le titre de CPA au Québec 

Pour le titulaire du titre français d’expert-comptable, l’accès à la profession de CPA au Québec est simplifié par les arrangements de reconnaissance mutuelle (ARM) 2  Québec-France sur la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles, dont les métiers réglementés par des ordres professionnels. Au total, 81 professions, métiers et fonctions sont concernés dont ceux du monde du chiffre. 

En effet, en empruntant cette voie, l’expert-comptable n’aura qu’à soumettre une demande d’équivalence et à suivre quelques formations complémentaires pour acquérir certaines connaissances propres à l’exercice de la profession comptable au Québec, puis à soumettre sa demande de permis de CPA. 

Cette entente permet donc la mobilité des professionnels comptables entre la France et le Québec et facilite un éventuel retour dans le pays d’origine le cas échéant.

Les non-titulaires du titre français d’expert-comptable qui souhaitent devenir CPA au Québec doivent franchir chacune des étapes ci-contre ou obtenir pour chacune d’elles une équivalence en fonction de leurs acquis. 

La formation des étudiants qui poursuivent leurs études en vue d’obtenir le titre d’expert-comptable pourrait être reconnue aux fins de l’obtention du titre de comptable professionnel agréé (CPA) et ainsi leur permettre de réduire la durée de la formation complémentaire requise pour accéder au titre québécois.

Ainsi, les personnes qui ont suivi une formation ou acquis une expérience professionnelle en finance, en comptabilité ou dans un domaine connexe peuvent faire une demande d’équivalence sur le site de l’Ordre des CPA 3. Leur dossier sera alors étudié afin d’établir des comparatifs de formation et de déterminer les cours de mise à niveau requis pour obtenir l’équivalent de l’un des diplômes reconnus par l’Ordre des CPA. Le processus d’obtention du titre de CPA au Québec pourrait s’en trouver allégé, puisque ces demandeurs pourraient être entièrement ou partiellement dispensés de certaines étapes.

Les quatre étapes de base pour devenir CPA

Au Québec, il y a quatre étapes à franchir pour obtenir le titre de CPA. 

Obtenir d’une université un baccalauréat en sciences comptables ou un baccalauréat en administration des affaires, concentration, comptabilité professionnelle.

Ces baccalauréats correspondent respectivement au DSCG et au DCG.

Réussir le programme de formation professionnelle CPA (programme de formation professionnelle (PFP). 

Deux voies sont possibles pour suivre le PFP 4 : 

le programme national 5 offert en ligne par l’Ordre, d’une durée de 12 à 24 mois, proposant un encadrement personnalisé, à temps partiel ; 

le programme universitaire de 2e cycle 6 d’une durée de 9 à 24 mois, offert à temps plein ou à temps partiel. 

Le PFP consiste en une série de cours visant principalement à accroître la capacité du futur CPA à appliquer en contexte de travail les connaissances, les valeurs, le sens éthique et les attitudes professionnelles attendues des CPA. 

À noter : le programme universitaire de 2e cycle est l’équivalent québécois du DEC français.

Effectuer un stage

D’une durée minimale de 24 mois, le stage 7   permet au futur CPA de se familiariser avec une grande diversité de situations et de mettre en pratique sa maîtrise des concepts dans des situations complexes.

Réussir l’examen final commun (EFC)

Cet examen 8 pancanadien, qui se déroule sur trois jours, constitue le point culminant du cheminement vers le titre de CPA. 

Pour en savoir plus 

Arrangement de reconnaissance mutuelle Québec-France  

Page Web : https://equivalence.cpaquebec.ca/fr/candidatures/arm/

Obtenir le titre de CPA auditeur au Québec  

Page Web : https://cpaquebec.ca/fr/etudiants-et-futurs-cpa/comment-devenir-cpa/titre-de-cpa-auditeur/

Vidéo : https://www.icastpro.ca/events/cpa/2019/08/27/comptabilite-publique-comment-obtenir-son-titre-de-cpa-auditeur/play/14724

1. https://cpaquebec.ca/fr/membres-cpa/obligations/permis-de-comptabilite-publique/

2. http://www.immigration-quebec.gouv.qc.ca/fr/biq/paris/entente-france-quebec/

3. https://equivalence.cpaquebec.ca/fr/

4. https://cpaquebec.ca/fr/etudiants-et-futurs-cpa/formation/

5. https://cpaquebec.ca/fr/etudiants-et-futurs-cpa/formation/programme-national/

6. https://cpaquebec.ca/fr/etudiants-et-futurs-cpa/formation/programme-universitaire/

7. https://cpaquebec.ca/fr/etudiants-et-futurs-cpa/stage/renseignements-generaux/

8. https://cpaquebec.ca/fr/etudiants-et-futurs-cpa/examen-final/dates-importantes-et-inscription/

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